John presenting at Press conference

Le monde est en train de changer. Chez Shell Bitumes, nous observons ces changements de près, car s’ils sont importants pour toutes les industries à travers le globe, ils le sont tout autant pour le secteur de la route. La population mondiale connaît une croissance rapide et rejoint majoritairement les villes, ouvrant une ère d’urbanisation massive. Le réchauffement climatique est aussi un défi majeur. Bien que certains continuent à nier son existence, chez Shell nous le reconnaissons comme une réalité. Si nous ne parvenons pas à maintenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C, l’impact pour la planète et l’humanité pourrait être catastrophique.

En parallèle, les individus ont de plus en plus de technologie à portée de main, avec des applications et des services numériques centrés sur l’utilisateur, dont le nombre augmente à un rythme effréné, transformant ainsi la manière dont nous vivons et dont nous menons nos affaires.

La manière dont les gens sont connectés est elle aussi en train de changer, tout comme nos modes de transport, et notamment les voitures autonomes qui devraient envahir nos rues au cours des prochaines années. En effet, 70 % de nos véhicules pourraient être autonomes dans un avenir très proche. Toutefois, certains pensent que nous ne pouvons pas mélanger la conduite autonome et la conduite humaine indéfiniment et qu’il faudra un changement radical au lieu d’une lente transition. Nous devrons pour cela créer des véhicules capables d’interagir les uns avec les autres et avec l’environnement dans lequel ils fonctionnent. Cette évolution va également solliciter  nos chaussées actuelles qui ne sont pas encore prêtes à accueillir ce trafic routier d’un nouveau type.

Anticiper les besoins de l’urbanisation massive de demain

Les embouteillages sont et seront encore un problème majeur pour nos villes. Il est prévu que d’ici 2030, neuf milliards d’habitants circuleront sur la planète, dont 70 % habiteront en ville. Ainsi nous devrions compter 31 mégapoles d’ici 2030, soit dans seulement 12 ans ! La circulation devrait au moins doubler, sinon tripler et la pollution augmenter rapidement si nous n’agissons pas. Chez Shell, nous pensons qu’ une taxe mondiale sur le carbone pourrait encourager l’innovation et nous permettrait de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C.

Le bruit émis par le trafic routier est également un énorme défi pour nos villes et à mesure que celles-ci grandissent, ce problème va encore s'aggraver. La sécurité est elle aussi cruciale, puisqu’une augmentation de la circulation peut créer davantage de problèmes de sécurité, y compris pour les piétons et les cyclistes.

Y aura-t-il davantage d’accidents mortels ? La réponse est oui, si nous ne faisons rien. Qu’est-ce que cela signifie de notre point de vue ? Nous avons besoin d’un écosystème connecté, où les voitures, les routes et les panneaux de signalisation sont intégrés à un seul et même réseau, de manière à ce que tous les éléments connectés fonctionnent sans encombre et en toute sécurité.

Davantage de voitures seront pourvues de batteries.  Cela signifie qu’il nous faut équiper les stations-service de technologies d’approvisionnement diverses : hybride, recharge électrique rapide ou hydrogène. Peut-être pourrions-nous développer une route qui produit de l'électricité et recharge les véhicules qui roulent dessus ? Peut-être qu’à l’avenir, au lieu d’aller dans une station-service, vous vous contenterez de vous placer sur un tronçon de route dédié qui rechargera votre véhicule et vous paierez un prix défini par kilomètre. Qui sait ?

La mobilité partagée sera une notion extrêmement importante. Pourquoi ? Parce que la manière dont les usagers et les industriels pensent les véhicules change. Aujourd’hui, il s’agit de transporter des personnes ou des marchandises d’un point A à un point B. Demain, la mobilité sera plus sociale. Nous verrons des usagers assis dans leur voiture, en train d’utiliser leur téléphone portable, de consulter leurs mails, de travailler ou de discuter, y compris le propriétaire du véhicule qui n’aura plus à garder ses mains sur le volant. Le fait de se déplacer ne sera plus la seule raison de se trouver dans une voiture. La question devrait donc être : à l’avenir, que pourront faire nos routes en plus de permettre la circulation des personnes et des marchandises ?

Les routes devront tout d’abord être plus performantes. Les véhicules autonomes, gérant plus précisément les distances, pourront rouler bien plus rapprochés les uns des autres qu’à l’heure actuelle. Pour une route, le temps de récupération entre le passage de chaque véhicule sera donc raccourci, ce qui veut dire que les dégâts provoqués par ces véhicules seront bien plus importants. De plus, ces véhicules seront plus chargés en poids avec la tendance croissante des trajets partagés, ce qui abîmera encore plus nos routes. Par conséquent, nos routes doivent s’améliorer : elles doivent durer plus longtemps, et leur conception doit tenir compte de la mobilité de demain. La conception actuelle de nos routes est tournée vers le passé, alors qu’elle devrait être tournée vers l’avenir, en prévision de l’évolution du trafic, en incluant par exemple des mécanismes de prédiction des dégâts. Les routes devraient même se réparer toutes seules. Si nous examinons l’ensemble du réseau routier mondial, nous nous apercevons que nous n’avons pas assez de moyens pour réparer ses routes actuelles et pourtant le réseau est en constamment expansion. Par le passé nous avions l’habitude de créer des routes faites pour durer vingt ans.  Or, l’intervalle moyen de maintenance de nos chaussées est de quatre-vingt ans. S’il y a un décalage aussi conséquent entre la durée de vie prévue et l’utilisation réelle, il en est de même pour les frais de maintenance. Par conséquent le budget alloué au réseau routier existant est loin d’être suffisant.  

Les routes doivent aussi offrir davantage de sécurité. Elles pourraient comporter des enrobés clairs qui brillent dans l’obscurité afin d’améliorer la visibilité et aussi de réduire l’éclairage des rues, de façon à consommer moins d’énergie. Il faudrait également une surface antidérapante plus consistante. Sauf s’il est vraiment capable de détecter si une route est très glissante ou moins glissante, le véhicule autonome aura besoin d’une surface constamment antidérapante pour assurer des arrêts en toute sécurité, surtout en cas de danger soudain.

Nous devrons aussi apporter des solutions plus propres, que ce soit pour réduire les odeurs des matériaux de la route ou les neutraliser. Nous devrons utiliser davantage de matériaux recyclés et enfin trouver des solutions moins bruyantes.

Des routes intelligentes et multifonctions

Les routes devront être plus intelligentes. Elles devront proposer autre chose que simplement permettre aux personnes de se déplacer. Elles devront lutter contre la pollution atmosphérique en captant les particules polluantes et produire de l’énergie en captant l’énergie solaire, ou l’énergie issue de la circulation des véhicules. Pourquoi ne pas tirer parti du mouvement sur la route pour produire de l’électricité et la transmettre au réseau de distribution ? De cette façon nous pourrions réduire la quantité de carbone nécessaire à la production d’énergie. En été, capter l’énergie solaire serait un bon moyen de développer d’autres sources de revenus à partir du réseau routier tout en réduisant l’effet d’îlot thermique. En hiver, l’électricité produite pourrait être transformée en chaleur afin de dégivrer la route, ce qui contribuerait à limiter les frais d’entretien hivernal.

Les routes devront aussi donner de bonnes performances dans des conditions climatiques extrêmes, pendant des crues violentes par exemple. Il nous faut des chaussées ayant la capacité d’évacuer d’importantes quantités d’eau et de demeurer en bon état plus longtemps dans de telles conditions. Même le réchauffement climatique de 2°C dont  nous parlons actuellement peut représenter une différence énorme dans le cycle de vie d’une chaussée. Nous devons en tenir compte lors de la conception de nos routes.

Beaucoup d’innovations ont vu le jour ces dernières années, mais dans l’industrie de la construction routière nous sommes encore très conservateurs. Prenons l’exemple des bitumes modifiés polymères. Shell les produisait déjà il y a cinquante ans. Et pourtant, ils sont encore assez peu répandus. Aujourd’hui l’innovation doit être acceptée bien plus rapidement. Les acteurs du secteur doivent communiquer davantage pour échanger sur les meilleurs pratiques. L’industrie de la route a notamment besoin que ses parties prenantes, la société et le secteur public apportent leur soutien total à l’innovation dans le domaine des routes, et ceci doit se faire sous la forme de création et de réalisation de projets réels, pas seulement de conversations. Nous avons tous besoin de collaborer, car aucune entreprise ni aucun Etat ne peut le faire tout seul. Tous les acteurs doivent travailler ensemble pour relever les défis des routes de demain et agir davantage que nous l’avons fait par le passé.

Si nous voulons vraiment construire les routes du futur, que nous faut-il ? La filière nécessite un nouveau cadre de travail. La manière dont les contrats de construction de nos routes sont attribués ne conviendra plus à l’avenir. Il faut promouvoir l’esprit de collaboration, de communication et d’innovation pour réellement transformer nos routes et réaliser tout ce dont notre société a besoin pour son avenir.