Cap sur la Norvège
Peu de personnes en ont entendu parler. Et ceux qui l'ont parcourue sont encore moins nombreux. Le journaliste automobile James Mills nous dévoile le paradis secret de la route de Lysebotn.
La route de Lysebotn n'est pas très facile d'accès. Elle se trouve dans une région si loin des sentiers battus qu'une route n'y a été ouverte qu'en 1984.
Mythologie nordique
Nous avions entendu des rumeurs sur l'existence de cette route, mais en réalité, peu de personnes ont parcouru ses 25,5 km qui serpentent entre les montagnes et les rochers du sud-ouest de la Norvège. Les rumeurs étaient donc vraies : la route de Lysebotn respecte toutes ses promesses.
Nous avançons donc gaiement jusqu'à la barrière de l'Eurotunnel. Nous sommes la première voiture de la file pour la première traversée de la journée. Le soleil ne s'est pas encore levé, mais nous ne pouvons pas nous permettre de faire la grasse matinée si nous voulons arriver à temps à Hirtshals, au nord du Danemark, pour embarquer le soir même pour Kristiansand en Norvège.
Nous atteignons enfin notre camp de base, le Høyfjellshotell, à Fidjeland, à 5 petits kilomètres de la route de Lysebotn.
Cet hôtel est parfaitement situé pour les skieurs tout comme pour les randonneurs. Notre programme est nettement moins fatigant, mais tout aussi passionnant : goûter au plaisir de rouler sur l'une des plus belles routes au monde.
Complètement isolée
Un panneau jaune fait office de balise pour les personnes qui réalisent le pèlerinage jusqu'à cette partie du monde : Lysebotn. C'est le début de la route construite pour desservir la centrale hydroélectrique de Tjodan. C’est aussi le point de départ de la route qui relie le village de Lysebotn qui ne dépendait autrefois que des bateaux pour rejoindre la civilisation au fond du fjord Lyse. Le départ de ce qui nous a amenés ici.
La montée jusqu'au sommet commence doucement, la route sillonna à travers des forêts touffues. Tout autour de nous les arbres à feuilles persistantes contrastent avec ceux qui jaunissent et scintillent dans l'air frais et humide. Le grondement d'une barrière canadienne sous les pneus signale toutefois un changement. La pente s'accentue et le paysage se rétrécit autour de nos fenêtres. Les nuages dansent au-dessus de nous et des parois rocheuses nous surplombent.
Quel endroit incroyable pour tester une voiture ! La route de Lysebotn met à l'épreuve l'homme et la machine, se rétrécissant par endroits avant de remonter vers une série de plateaux où la route s'étend à perte de vue, et de petits lacets se succèdent entre des portions de lignes droites. On trouve au bord de la route des rochers traînés ici à l'âge de glace, qui surgissent au-dessus de la mousse et de la bruyère avec des reflets argentés donnant l'impression d'un paysage extraterrestre parsemé de bulles de mercure.
À l'automne, les véhicules que vous croisez se comptent sur les doigts de la main. Mais comme toujours, vous conduisez en vous concentrant sur le prochain virage que la route vous réserve, en adaptant votre trajectoire pour bénéficier d'une visibilité maximale afin de lâcher les chevaux en sortie de virage.
Rompre le silence
La route de Lysebotn nous dévoile une nouvelle surprise après son dernier virage en épingle : un tunnel de 1,1 km percé au pied de la montagne, qui décrit une boucle à 180°. Le moteur et le pot d'échappement le font résonner. Alors même que nos yeux et nos oreilles s'adaptent à ces nouvelles conditions, la lumière du jour revient et nous débouchons dans la vallée et le village endormi de Lysebotn.
Nous arrivons sur la jetée pour poursuivre notre itinéraire, après avoir réalisé la virée de notre vie. Les paysages sur la route de Lysebotn sont incomparables. Vous ne pouvez pas vous imaginer la grandeur du coin sans venir le découvrir vous-même.
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